Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 6.djvu/144

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bahi et esperdu et commencierent à crier : Scema Israël, qui vaut autant en ebreu come Diex escoute ! Toutes voies, quant il virent que il ne pooit estre autrement, et que li termes aprochoit que il devoient avoir France vuidié, il commencierent à vendre leur mobles et leur garnisons à merveilleuse haste, et li rois sesi les heritages. Après ce que il orent ensi leur choses vendues, il vuidierent le roiaume dedenz le terme qui fu mis, et enmenerent fames et enfanz et toutes leur mesnies, ou mois de Juin en l’an devant dit qui estoit M CIIIIxxII, de l’aage le roi XVIIme, de son regne le tierz.


VIII.


Coment li rois fist netier leur synagogues, sacrer et dedier au servise Nostre Seigneur.


[1]Quant li Juif s’en furent ensi alé, et France fu vuidié de la corruption de tel chenaille[2], li bons rois n’oblia pas à mener son bon propos à perfection ; car ce que il avoit commencié glorieusement, il voloit plus glorieusement fenir. Adonc commanda que les synagogues au Juis fussent netiées et curées, là où il soloient assembler, et blasmer et despire Jhesu Crist, et faire leur fauses oresons souz la coverture de religion ; et puis commanda que eles fussent dediés à eglises et que l’on i sacrast autiex pour faire le servise Nostre Seigneur[3]. En ce fait, ot li rois bone considereson et

  1. Rigord, Gesta Philippi Augusti, § 17.
  2. Chenaille, canaille. Cette phrase est de l’auteur des Grandes Chroniques. Rigord dit seulement : « Facta autem infidelium Judeorum ejectione ».
  3. La synagogue de Paris fut donnée à l’évêque Maurice de