Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 7.djvu/136

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contre vous. Sire, selonc la grant franchise et la grant misericorde qui est en vous, pardonnez-nous nostre[1] meffait ».

Le roy qui vit le conte de la Marche si humblement crier merci, ne pot tenir son cuer en felonnie, ançois fu tantost mué en pitié. Si fist lever le conte sus et li pardonna debonnerement quanqu’il avoit meffait. Et le conte de la Marche quita au conte de Poitiers touz les chastiaus et les fortereces que le roy avoit conquis seur li. Et pour tenir les couvenances, le roy tint les iii chastiaus dessus diz en sa main. Et le conte et sa fame jurerent, et ses enfanz, que il tendroient les couvenances fermes sanz jamais aler encontre.

Quant la pais fu acordée, le roy retint l’ommage Renaut sires de Ponz[2] par devers soi et l’omage Giefroi de Rancone, et Giefroi de Ligenon[3]. Ces choses furent acordées le jour de la saint Pierre, le premier jour d’aoust que le roy jut es prez de Pons et tout son ost. L’endemain, par matin, vindrent à lui li sires de Mirabel[4] et le sire de Mortaigne[5] qui avoit ostelé et soustenu le roi d’Engleterre et toute sa gent en sa premiere venue. Quant il fu arrivé, ces ii barons firent homage au roy de France et au conte de Poitiers, et touz les autres barons du païz, de toute la terre jusques à la

  1. Ms. Sainte-Geneviève : « vostre ».
  2. Renaud de Pons rendit hommage au roi au camp près de Marcillac (Layettes, t. II, no 2987).
  3. Ligenon. Il faut lire : Lezignan, Geoffroi de Lusignan.
  4. C’est Ponce, sire de Mirambeau, Charente-Inférieure, arr. de Jonzac, ch.-l. de cant. (cf. Ch. Bémont, op. cit., p. 310, note 2).
  5. Mortagne-sur-Gironde, Charente-Inférieure, arr. de Saintes, cant. de Cozes.