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terre ; et leur donroit le Soudan seur conduit jusques en la terre des crestiens.

[1]Si comme ces choses furent acordées et affermées par serement, le soudan ala disner en sa tente aussi comme entour tierce. Si comme il fu levez du disner, aucuns admiraus li vindrent au devant et li lancierent coutiaus et espées, et le navrerent mortelment, et puis le bouterent contre terre et le detrenchierent en pluseurs pieces devant touz les admiraus de son ost. Mais ce ne fu pas sanz l’acort de la greigneur partie. Quant l’aventure fu ainsi avenue, les admiraus qui avoient le soudan occis vindrent à la tente le roy touz eschaufez de ire et de corrous, et leverent les espées toutes sanglentes sus sa teste et puis li apuierent aus costez aussi comme se il le vousissent ocirre, et li distrent qu’il leur promeist à tenir fermes les couvenances qu’il avoit promises au soudan, et firent granz menaces de lui et de ses barons s’il ne rendoit tantost Damiete selonc ce qu’il avoit devant promis. Cil qui avoit occis le soudan, qui Julian avoit à non, vint au roi l’espée traite et ensanglentée[2], et li dist qu’il le feist chevalier et mout bon gré l’en sauroit. Le roy respondi que ja ne le feroit chevalier s’il ne vouloit estre crestien ; et s’il se vouloit acorder à estre crestien il le feroit che-

  1. Cf. Joinville, chap. lxix, et Lenain de Tillemont, t. III, chap. ccxv.
  2. Le même épisode est rapporté par l’anonyme de Saint-Denis (Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 55), par le confesseur de la reine Marguerite, Guillaume de Saint-Pathus (Ibid., p. 68 et éd. Delaborde, p. 24) et par Joinville (§ 353). Ce dernier donne le nom de ce Sarrasin : Faraquataye ou Faraquataie : soit Faress-Eddin Octay. Cf. Lenain de Tillemont, t. III, chap. ccxvii.