Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 7.djvu/73

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le conte de Boulongne[1] qui estoit oncles le roy, et Robert conte de Dreues[2] qui estoit frere au duc.

Quant Thibaut de Champaigne vit l’ost de France venir où il avoit tant de bonne gent et tant de bons chevaliers, si se pensa que s’il se tenoit longuement contre le roy, qu’il l’en porroit bien mescheoir[3] ; si se parti de ses compaignons au point du jour[4] pour ce qu’il ne l’aperceussent, et s’en vint au roy et li pria qu’il li vousist pardonner son mautalent, et que plus ne seroit contre li. Li roys, qui estoit enfes et debonnaires, le reçut en grâce et li pardona son mautalent.

Après, il manda au conte de la Marche et au duc qu’il venissent à son mandement ou qu’il venissent contre li à bataille ; et il li manderent que volentiers feroient pais à lui, mais que il leur donnast jour et lieu là où il porroient parler de pais et d’accordance. Quant li roys ot entendu les messages, si leur assina jour au chastel de Chignon[5] et fist retorner son ost en France ; et il ala à Chignon, et là les atendi au jour qui estoit establi, mais il ne vindrent ne ne contremanderent. Il les fist semondre derechief ; onques pour

  1. Philippe dit Hurepel, comte de Boulogne, fils de Philippe-Auguste et d’Agnès de Méranie.
  2. Robert dit Gatebled, fils aîné de Robert II, comte de Dreux, et d’Yolande de Coucy, était frère de Pierre de Dreux dit Mauclerc, duc de Bretagne.
  3. Mescheoir, arriver malheur.
  4. La Vie de saint Louis, t. XX, p. 312, et la Chronique latine de Guillaume de Nangis, t. I, p. 177, disent seulement : « a comitum Marchiæ et Britanniæ consortio celeriter resilivit. »
  5. Chinon, Indre-et-Loire, ch.-l. d’arr.