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En ce meismes temps, Pierre le conte d’Alençon[1] qui estoit en Puille pour garder la terre, trespassa de ce siecle et reçut mort, et fu enterré en une abbaïe de moines blans que le roy Charles fonda, qui est appellée Mont Roial. Les os et le cuer furent aportez aus Freres Meneurs à Paris[2] et mis en sepulture. Madame Jehanne contesse de Blois[3] sa femme demoura veuve, plaine de sainte vie et de grant bonté.

Le roy de France tint celle année parlement à Paris[4] des barons de France pour ce que il sceussent que le royaume d’Arragon estoit donné et ottroié à Charles son filz par la court de Rome. Messire Colet, cardinal, preescha de la croiz pour aler sur le roy d’Arragon[5] si comme homme dampné et escommenié qu’il estoit[6].

    G. de Nangis faisant connaître ce que Gui de Montfort fit en Toscane.

  1. Pierre, comte d’Alençon, fils de saint Louis, qui en 1282 était venu en Italie au secours de Charles d’Anjou, fut tué en SIcile le 6 avril 1284 (Langlois, op. cit., p. 143).
  2. Ses os furent déposés chez les Frères Mineurs et son cœur chez les Frères Prêcheurs « illud apud Fratres Prædicatores » (G. de Nangis).
  3. Jeanne, fille unique de Jean de Châtillon, comte de Blois et de Chartres, avait été mariée à Pierre, comte d’Alençon, au mois de février 1264 ; elle mourut le 29 janvier 1292 (Lenain de Tillemont, Vie de saint Louis, t. V, p. 242 et 244).
  4. Sur cette assemblée qui ouvrit ses séances à Paris le 20 février 1284, voir Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. III, p. 576-578 ; Rymer, Fœdera, éd. de 1816, t. I, 2e part., p. 639. Cf. Langlois, op. cit., p. 149-151.
  5. Pendant l’année 1284, la croisade contre l’Aragon fut prêchée dans toute la France (Langlois, Le règne de Philippe III le Hardi, p. 151-152).
  6. G. de Nangis ajoute : « Et tunc rege Franciæ cruce signato,