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lequel fist tant par devers une femme crestienne, que elle li aporta le corps de Jhesu Crist en une oeste sacrée, laquelle elle avoit receue en la sepmaine peneuse, en la acommingant[1], et la bailla au juif. Quant le juif l’ot par devers soy, si mist la dicte oeste en plaine chaudiere de yaue chaude, le jour du vendredi aouré. Et quant ladicte oeste fu en l’yaue boullant, il la commença à poindre de son coutel ; et lors devint l’yaue aussi comme toute vermeille. Et après ce, il osta ladicte oeste de la chaudiere et la commença à batre d’une verge, laquelle chose fu toute prouvée contre le juif par l’évesque Symon Matiffart[2]. Si avint que, du conseil et de l’assentement des preudeshommes qui à Paris estoient regens en theologie et en decret, ledit juif fu condampné à mourir et fu ars devant tout le peuple. Et estoit appellé le Bon Juif, et sa femme avoit à non Bellatine, laquelle avoit une fille de l’aage de xii ans ou environ, que ledit evesque Symon fist baptizier, et la fist demourer avec les Filles Dieu à Paris.


VII.
Comment pape Nichole envoia ses messages aus prelaz et aus barons de France, et de leurs responses[3].

En l’an de grâce ensuivant mil CC IIIIxx et XI, pape

  1. En la acommingant, en recevant la communion.
  2. Simon Matifas de Bucy, évêque de Paris, février 1290 à sa mort, 22 juin 1304.
  3. Guillaume de Nangis, Chronique latine, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 574. Cf. éd. Géraud, t. I, p. 278-280.