Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 8.djvu/230

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Et en ycest an, ensement, ou moys de jenvier[1], l’eclipse de la lune du tout en tout horriblement fu faite.

Et après ce, Phelippe roy de France rendi au message le pape l’evesque de Pavie, et leur commanda que hastivement de son royaume departissent. Et après ce, en la mi quaresme ensuivant, ycelui roy de France Phelippe le Biaux assembla à Paris[2] touz les barons et chevaliers et les maistres de tout le royaume de France, avec touz les prelas et touz les Meneurs, et premierement des personnes ecclesiastes et convint et commanda de qui leur temporel ecclesiaste, et barons et chevaliers leurs fiez appelloient ne disoient à tenir ; car adecertes la magesté royal doubtoit, pour ce que le pape li avoit mandé tant de temporelz comme des espirituelz li estre à li sousmis, que ne vousist le pape de Romme dire que le royaume de France fust tenu de l’eglise de Rome. Et comme touz les prelas et ecclesiastes deissent avoir tenu du royaume de France, lors le roy leur en rendi grâces, et promist que son corps et toutes ses choses qu’il avoit exposeroit et mettroit pour la liberalité et franchise du royaume en toute ma-

  1. Dans sa chronique, G. de Nangis (éd. Géraud, p. 313) dit : « in festo sancti Mauri », soit le 15 janvier. Il y eut, en effet, une éclipse totale de lune dans la nuit du 14 au 15 janvier 1302 à neuf heures et demie du soir.
  2. Les trois ordres furent convoqués à Paris pour le 8 avril 1302 (n. st.), « die dominica ante Ramos palmarum » (Georges Picot, Documents relatifs aux États généraux et assemblées réunis sous Philippe le Bel, p. 2), et l’assemblée se tint à Notre-Dame, le mardi 10 avril (Ibid., p. 6. Cf. Hervieu, Recherches sur les premiers États généraux, p. 71). Voir, sur cette assemblée, G. Picot, op. cit., Intr., p. viii à xii.