Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 8.djvu/324

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terré. Lequel preu, hardi, chevalereux et très noble en ses fais, emperere de Rome Henri fu empoisonné d’un Jacobin qui li donna à boire, selon ce que aucuns veullent dire et bien dient, dont ce fu duel et pitié, car sa bonté et sa valeur croissoient de jour en jour, de miex en miex, et si comme l’en dist, s’il eust gueres plus vescu, il eust conquis toute Ytalie et mise toute souz sa puissance et seignourie. Mès de ce fait de l’empereour Henri, dient aucuns qu’il fu prouvé devant le pape Climent, par phisiciens que l’emperere fu mort d’apostume. Et combien qu’il fust malade, il se fist mener en sa chapelle pour lui acommingier[1], et assez tost après il trespassa. Et bien sachent touz que c’estoit le prince du monde que Jacobins amoient plus, et pour ce samble-il bien que son confesseur ne peust avoir tant de loysir qu’il meist poisons en son vin, que l’en ne s’en apperceust.

Et en cest an, le roy Phelippe mua sa monnoie environ la Nativité Nostre Dame[2], et commença à faire florins à l’aignel, lequel flourin valut au commencement xxii sols de petiz bourgois. Et en ce temps ot moult de mutacions de monnoie, laquelle greva moult le peuple.

    existentis, corrupta pecunia per regem Robertum vel, ut verius creditur, per Florentinos sibi adversarios, veneno potionatus, diem vitæ clausit extremum. Cujus corpus Pisas est translatum, et in ecclesia cathedrali honorifice tumulatum ».

  1. Pour lui acommingier, pour recevoir la communion.
  2. Ms. fr. 2813 de la B. N. : « Seigneur » qui est une faute, car la Continuation de G. de Nangis dit bien : « circa festum beatæ Virginis », et Géraud de Frachet (Rec. des Hist., t. XXI, p. 39) : « circa Nativitatem beatae Virginis ». Les Grandes Chroniques ont beaucoup abrégé la Continuation de G. de Nangis dans ce paragraphe.