Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 8.djvu/56

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veilleuse et fort ; les cordes en furent rompues et desancrées ; si commença à courre parmi la mer aussi comme se ce fust beste sauvage arragiée qui courust sus aus autres ; aussi couroit-elle sus les nefs et les boutoit de si grant ravine que elle les faisoit fondre et plungier en la mer, et couroit de costé et de travers, amont et aval aussi comme se deables l’eussent en conduit. Celle nef Porte-joie avoit esté faite pour le corps le roy de France especiaument. Aucunes autres nefs qui venoient de Tunes estoient assez près du port de Trapes, et vouloient arriver et prendre fons, quant la tempeste les seurprist et les mena aussi roidement comme se ce fust foudre qui descendist du ciel, au port de Tunes droit dont elles estoient parties. Ceulz qui dedenz estoient se doubterent moult des Sarrazins de Tunes. Mais le roy commanda qu’il preissent port seurement tant que la tempeste fust passée et que l’en leur abandonnast viandes et autres choses dont il se vousissent aidier. En cette tempeste furent mortes environ iiiim personnes, et furent quassées et rompues xviii grans nefs sanz les petites plaines de chevaux et de richesces et d’autres grans garnisons sanz nombre.


IX.
De Edouart fils au roy d’Angleterre[1].

Edouart[2] filz au roy d’Angleterre vint au siege de

  1. Guillaume de Nangis, Gesta Philippi regis Franciæ, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 480-483. Cf. Chronique de Primat, ibid., t. XXIII, p. 83-84. Flores historiarum, éd. Henry Richards Luard, t. III, p. 19 à 21.
  2. Édouard, fils d’Henri III, régna de 1272 à 1307. Sur la