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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 8.djvu/96

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pas envoié pour la confesser. Et par Dieu qui me fist, je en sauray la vérité, ne atant ne le lairai pas. » Le roy manda Thibaut evesque de Dol en Bretaigne[1], et frere Arnould de Huisemale[2], chevalier de l’ordre du Temple, et leur enjoint et commanda qu’il alassent à celle devine hastivement et qu’il parlassent à li eulz ii ensemble. Lors se hasterent moult les messages et vindrent à la beguine, et li distrent qu’il estoient messages le roy de France et que pour Dieu elle leur deist la verité de ce que il li demanderoient. Plusseurs demandes firent, es quelles elle respondi. Quant vint en la fin, si leur dist : « Dites au roy de France monseigneur, qu’il ne croie pas les mauvaises paroles sus sa femme, car elle est bonne envers li et loyal, et envers tous les siens de bon cuer entierement. » Les messages s’en vindrent au roy leur seigneur et li raconterent toutes les paroles que elle leur avoit dit bien et loyaument, et toute la pure verité, dont pensa le roy qu’il avoit aucuns en son service et en sa court qui ne li estoient ne bons ne loyaux. Sagement se contint et fist semblant à sa chiere et à sa contenance qu’il ne l’en fust riens.


XXIII.
De la muete que le roy fist pour aler à Sauveterre[3].

Le roy Phelippe ne mist pas en oubli la felonnie et

  1. Thibaut de Pouancé qui n’était pas encore évêque quand le roi lui confia cette mission. Il occupa le siège de Dol du mois de juillet 1280 au 30 mars 1301 (Gallia christiana, t. XIV, col. 1054-1055).
  2. Le texte latin le nomme de Visemale.
  3. Guillaume de Nangis, Gesta Philippi regis Franciæ, dans