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III.
Comment le roy Phelippe mut pour aler sus les Flamens tantost après son coronnement[1].

Après le coronnement et la dicte feste passée, le roy s’en retourna à Saint Denis[2] son patron, et là fu honnorablement receu. Et après, ala à Nostre Dame de Paris et depuis s’en retorna au palais où le disner fu appareillié très sollempnelment ; et là disna le roy et aveques li plusseurs barons de son royaume.

Après ce que il fu à Paris retourné, il ot deliberacion aveques ses barons sus la besoigne des Flamens, dont pluseurs distrent au roy bonne chose seroit qu’il demourast en France jusques à i an. La quelle parole desplut moult au roy, et meismement qu’il disoient que le temps n’estoit pas convenable pour bataillier. Dont aucuns distrent que le roy dut dire à messire Gauchier de Creci[3] son connestable : « Et vous, Gauchier, qu’en dites ? » Et ja soit ce qu’il fust i pou refusant, si respondi-il en tel maniere : « Qui bon cuer a à bataille, touz jours treuve-il temps convenable. »

  1. Chronique de Richard Lescot, éd. Jean Lemoine, § 5 à § 7, p. 6. Cf. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 91 à 95.
  2. Après son couronnement, Philippe VI ne rentra à Paris que le 18 juin et n’alla à Saint-Denis qu’au mois de juillet (J. Viard, Itinéraire de Philippe VI de Valois, p. 16 à 17).
  3. Gauchier de Crécy est plus connu sous le nom de Gaucher de Châtillon. Seigneur de Châtillon-sur-Marne et de Crécy, il fut créé connétable de France après la bataille de Courtrai en 1302, prit part aux batailles de Mons-en-Pévèle en 1304 et de Cassel en 1328 et mourut en 1329 à l’âge de quatre-vingts ans (P. Anselme, Hist. généal., t. VI, p. 90).