Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/115

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avalant le mont a grans pas devers l’ost du roy, et passerent tout outre sanz faire cri ni noise ; et fu à l’eure de vespres sonnans. Tantost que on les apperçut, si pot l’en veoir toutes manieres de gens fuir de l’ost du roy vers la ville de Saint Omer. Et les Flamens ne s’atargerent mie, ains vindrent le grant pas pour seurprendre le roy en sa tente. Mais aussi comme Dieu voult, les mareschaux et leurs gens qui n’estoient mie encore touz desarmez, tantost que il oïrent le cri, monterent sus leurs chevaux et vindrent, ferant des esperons vers les anemis.

Quant les Flamens les virent aprochier, i pou s’arresterent ; mais quant il virent que si pou de gens estoient, si murent pour aler avant. Et tantost vint messire Robert de Flandres au secours des mareschaus. Tantost qu’il le virent, si s’arresterent et se mistrent en conroy[1] ; et avoient ja tant esploitié qu’il estoient ja à trois arbalestes près du roy de France. Mais pour l’arrest qu’il firent, furent touz les haux hommes armez, et alerent aveques toutes leurs batailles vers leurs anemis et leur coururent sus, et à grant paine les entamerent ; mais il navrerent moult de haus hommes avant que l’en les peust conquerre.

Or vous dirons du roy qui s’armoit en sa tente et n’avoit entour li que ii Jacobins[2] et ses chambellans ; et vindrent ceulz qui estoient pour son corps et le

    tinuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 96 à 99. Cf. Istore et croniques de Flandres, t. I, p. 344 à 347, et Chronographia regum Francorum, t. II, p. 7 à 10.

  1. En conroy, en ordre.
  2. G. de Nangis dit que Philippe VI n’avait auprès de lui que son confesseur, un Frère Prêcheur.