Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/154

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plaquié le seel es lettres de messire Robert d’Artois en faisant fausseté, fu arse en la place aus pourciaux à Paris[1], et recognut moult d’autres mauvaistiez. Quant messire Robert d’Artois vit par quelle maniere les choses aloient, si se doubta et fu moult corroucié de ce que le roy procedoit par celle maniere contre lui. Si dust dire ces paroles : « Par moy a esté roy, et par moy en sera demis, se je puis. » Et lors fist mener touz ses destriers qu’il avoit biaux et nobles, et son tresor qu’il avoit moult grant, à Bordiaux sus Gironde, et là fist tout metre en mer et mener en Angleterre[2], et depuis se retray ledit messire Robert vers son cousin le duc de Breban[3] qui le reçut en son pays et le tint une piece de temps aveques li. Tantost que le roy ot oy ces novelles, il fist mettre en sa main la terre dudit messire Robert, et li manda par certaines messages qu’il comparut devant li et devant les pers personnelment à certain jour pour soy deffendre des crismes qui li estoient mis sus.

Or vous dirai comment il se parti de la compaignie au duc de Brebant[4]. Il avint que le conte de Haynaut[5] qui avoit ses filles mariées, l’une au roy d’Ale-

  1. Jeanne de Divion fut brûlée le 6 octobre 1331 (Lancelot, op. cit., p. 631).
  2. Robert d’Artois sortit du royaume vers le mois de septembre 1331 (Lancelot, op. cit., p. 615 et 621).
  3. Jean III dit le Triomphant (1312-1355).
  4. Au mois de mai 1332, Philippe de Valois conclut un traité d’alliance avec l’archevêque de Cologne et les comtes de Gueldre et de Juliers contre le duc de Brabant et Robert d’Artois (Kervyn de Lettenhove, Œuvres de Froissart, t. XVIII, p. 22 à 25).
  5. Guillaume Ier dit le Bon, qui mourut le 7 juin 1337 à Valenciennes.