Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/164

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rité, mais selonc son cuidier. Si vindrent ces nouvelles aus oreilles du roy, et ledit Frere Mineur qui avoit preschié comme devant est dit, sceut que le roy estoit mal content de lui. Lors ledit frere ala par devers le roy, et desiroit moult de soy excuser ; mais le roy voult qu’il parlast devant les clers. Adonques manda le roy que l’en li feist venir x maistres en theologie, entre lesquielz il y ot iiii Mineurs, et lors leur demanda le roy, en la présence dudit Frere Meneur, qu’il leur sambloit de sa doctrine laquelle il avoit semée de nouvel à Paris ? Lesquiex maistres respondirent touz ensemble que elle estoit fausse et mauvaise, et toute plaine de heresie ; mais pour chose que l’en dist ou monstrast au dit Frere Mineur, il ne voult onques muer de son propos ne de son opinion. Mais assez tost après, fist le roy assambler au Bois de Vincennes[1] touz les maistres en theologie, tous prelas et touz abbés qui porent estre à Paris trouvez ; et lors fu appellé le devant dit Frere Mineur, et li fist le roy ii demandes en françois. La premiere demande fu à savoir mon se les âmes des sains voient presentement la face de Dieu. Et l’autre demande fu à savoir mon se celle vision qu’il voient maintenant faudra au jour du jugement. Lors fu respondu par les maistres et affermerent la premiere estre vraie, et quant à la seconde doublement, car elle demourra perpetuelment et si sera plus parfaite. Adonques le devant dit Frere Mineur, aussi come par contrainte s’i consenti. Après ce, le roy requist que de ces choses l’en feist lettres. Lors furent faites trois paires de lettres contenans une

  1. Le 19 décembre 1333 (Denifle et Chatelain, op. cit., t. II, p. 429).