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d’Angleterre qu’il le vousist recevoir à son hommage, lequel le reçut en enfreignant les aliances et convenances qu’il avoit faites aveques Robert de Bruz, tant comme il vivoit. Et assez tost après il s’arma contre les Escoz, afin de metre ledit Edouart de Bailleul en saisine du royaume d’Escoce[1]. Adonques les Escos, qui moult convoitoient à eulz deffendre contre les Anglois, issirent à bataille contre eulz, mès finablement les Escoz furent desconfiz[2] ; les uns furent pris et les autres furent mors. Et si fu prise la cité de Bervit par trayson, si comme plusseurs le raconterent après. Quant le roy de France Phelippe sceut que le roy d’Angleterre aloit sus les Escos, si fist tantost chargier x nefs de gens d’armes et de vivres bien garnies pour envoier en l’ayde des Escos[3]. Mais le vent leur vint si au contraire qu’il ne porent onques arriver à port convenable, ains les arriva le vent au port de l’Escluse en Flandres. Ileques furent les choses honteusement et confusement vendues et despensées, et ne vindrent aussi comme à nul profit.

Item, en ce meismes an fu si très grant plenté de vin, que l’en avoit i sextier de bon vin, cler et sain et ver, pour v ou pour vi deniers.

  1. Édouard Bailleul fut couronné à Seone le 27 septembre 1332. Pour les victoires qu’il remporta sur les Écossais, voir Thomas Walsingham, Historia anglicana, éd. Riley, t. I, p. 193 à 195.
  2. Ce fut le 19 juillet 1333 que les Écossais furent battus près de Berwick. Sur les luttes entre les Anglais et les Écossais, voir Froissart, éd. Luce, t. I, 2e part., p. 107 à 112 et surtout p. 316 à 341.
  3. Les Flamands cherchèrent aussi à venir en aide aux Écossais ; voir des lettres d’Édouard III au comte de Flandre du 27 avril 1333 (Rymer, op. cit., t. II, 2e part., p. 860).