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ment, present le conte de Guerle[1], que les gens au conte de Flandres n’i avoient pooir. Puis vindrent vers le conte et li requistrent que ceus qui estoient banis par conspiracion ou par autre mauvaistiez, fussent rappeliez. Et le conte l’ottroia aus trois villes. Puis envoierent par toutes les villes et chastelleries de Flandres, capitaines de par eulz qui le païs gouvernoient aveques les banis qui entrez y estoient. Mais pour ce qu’il se doubtoient des gentilzhommes qu’il ne leur peussent contraitier à leurs rebellions faire, si les pristrent en hostage et les manderent par toutes les chasteleries, que sur leurs vies venissent tenir prison à Gant. Tantost il vindrent quar il n’oserent desobeir. Quant les gens au roy d’Angleterre virent qu’il estoient asseurez du pays de Flandres, si s’en alerent et le distrent au roy d’Angleterre, et tantost leur envoia des laynes a grant foison. Quant le conte de Flandres vit que la chose aloit par tel maniere, si vint à Gant pour savoir se il les pourroit retraire hors de leur erreur. Mais quant il fu aveques eulz, il le tindrent bien fort. Et quant le conte vit qu’il ne pourroit eschaper, si se faint qu’il vouloit estre de leur partie, et le vestirent de leurs paremens, et il les porta. Un jour

  1. Le 1er février 1338 (n. st.), des échevins de la ville de Gand se rendirent à Louvain près de Renaud, comte de Gueldre, plénipotentiaire d’Édouard III, pour y signer une convention qui devait assurer la réconciliation du roi d’Angleterre et des communes de Flandre (Kervyn de Lettenhove, Hist. de Flandre, t. III, p. 190), et, le 10 juin suivant (mercredi après la Trinité), il fut conclu, à Anvers, entre les ambassadeurs d’Édouard III et les Flamands, un traité scellé par le comte de Gueldre, qui accordait des avantages commerciaux aux Flamands (Rymer, Fœdera, t. II, 2e part., p. 1042-1043).