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XVIII.
Comment le roy Phelippe esmut grant ost contre Flamens, Brebançons et Hanoiers, et comment il envoia son aisné filz, messire Jehan de France, duc de Normendie pour gaster et destruire la terre de Haynau[1].

L’an de grâce mil CCC XL, lequel an fu de misere et de confusion, car entre les II roys chose ne fu faite qui soit digne de loenge. Mais comme es deus ou es trois années devant passées, moult de griefs eussent esté fais aus eglises de Dieu et aus povres, et moult de exactions très grevables à tout le commun pueple, et meismement en cest an ont encore plus efforciement couru, non obstant que ce n’ait pas esté au profit ne à l’utilité de la chose publique des II royaumes, dont grant doleur a esté, mais à la deshonneur et confusion de toute crestienté et de sainte universal mere Eglise, de laquelle, les II devant diz princes meismement et principaument deussent estre deffendeurs et sousteneurs.

Item, en ce meismes an, le roy d’Angleterre qui estoit alié aveques les Flamens, et meismement aveques ceulz de Gant, si se departi de Flandres et passa en Angleterre, si comme l’en disoit, pour assembler deniers et aides, et ledit roy eust laissié en son lieu le conte de Salbiere et le conte de Auxoine[2] es parties

  1. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 166 à 168.
  2. Le comte « d’Auxoine » est le comte de Suffolk.