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XXXI.
Comment mut dissention entre les barons de Normendie, et comment ceulz d’Orliens pristrent blés qui estoit à navire sus Loire et les mistrent en vente ; et comment le roy fist pendre ceus qui ce firent[1].

L’an de grâce mil CCC XLIII, avint, par l’exortacion du deable, que une grant dissention s’esmut entre aucuns nobles du duchié de Normendie ; c’est à savoir entre messire Jehan conte de Harecourt[2] et messire Robert dit Bertran, mareschal de France, pour convenances de mariages contraitiez d’une partie aveques le filz dudit messire Robert, et aveques la fille de messire Rogier dit Bacon[3], chevalier ; et de l’autre partie aveques messire Geffroy frere dudit conte. Et y ot mains mises et glaives traiz, et vindrent jusques en la presence du roy. Mais le roy, pour bien de pais et de justice faire eust enjoint à chascune partie, que l’une partie ne courut sus l’autre, ne se combatist contre l’autre[4] ; mais touz II fussent semons à venir à Paris en son parlement, à laquelle journée ledit messire

  1. Chronique de Richard Lescot, éd. Jean Lemoine, p. 60 à 62.
  2. Jean IV, comte de Harcourt, qui fut tué à la bataille de Crécy. Voir, sur lui, de la Roque, Histoire généalogique de la maison de Harcourt, t. I, p. 357 à 370.
  3. La fille de Roger Bacon, qui devait épouser Guillemet Bertrand, deuxième fils du maréchal Robert Bertrand, était Jeannette Bacon (L. Delisle, Hist. du château et des sires de Saint-Sauveur-le-Vicomte, p. 51).
  4. Ce fut par lettres du 30 mars 1341 que Philippe de Valois défendit au comte de Harcourt et à Robert Bertrand de se guerroyer (L. Delisle, op. cit., pièces justificatives, p. 87).