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monseigneur Gilles Grignart. Monseigneur Jehan de Haynau, oncle dudit conte mort, s’en retourna tout seul en Haynau de laditte bataille en laquelle il avoit esté navré en la cuisse.

En celi temps, monseigneur Jehan de Bretaigne, conte de Monfort, mourut tout desesperez[1], si comme plusseurs disoient ; et disoit l’en aussi que à son trespassement il avoit veu les mauvais esperis. Et a vint grant merveille, car à l’eure de sa mort, si grant multitude de corbiaux s’assambla sus sa maison que l’en ne cuidoit mie que en tout le royaume de France en peust avoir autant.

[2]En celui an, le roy envoia son ainsné filz Jehan, duc de Normendie, en Gascoigne, contre le conte Derbyc[3] pour li resister et pour garder le droit du royaume ; lequel conte y estoit venuz a grant armée de par le roy d’Angleterre[4]. Mais avant que le duc de Normendie peust venir en Gascoigne, ledit conte Derbic prist la ville et le chastel de Bergerac[5], là où estoient, de par le roy de France, monseigneur Aymart de Poitou, conte de Venlentinoix[6], qui fu ylec occis ; et estoit aussi le

  1. Jean de Montfort mourut à Hennebont le 26 septembre 1345.
  2. Chronique de Richard Lescot, p. 66, § 165.
  3. Jean, duc de Normandie, marcha contre Derby vers la fin du mois de septembre 1345 (Bertrandy, Étude sur les chroniques de Froissart, guerre de Guienne, p. 262-263).
  4. Derby, qui, le 11 juin 1345, était à Southampton sur le point de partir (Rymer, t. III, p. 44), ne put débarquer en Guyenne que dans le mois de juillet, à cause des vents contraires (Bertrandy, op. cit., p. 27).
  5. Derby prit Bergerac le 24 août 1345 (Froissart, éd. Luce, t. III, p. xiii, note 3. Cf. Bertrandy, op. cit., p. 34).
  6. Louis de Poitiers, comte de Valentinois, fut tué au com-