Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/291

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comme il pot ; mais ceulz de la ville ne doubtoient gueres ledit conte ne son ost pour ce que par avant il s’estoient garniz bien et sagement ; si se deffendoient contre li bien et viguereusement en tant qu’il ne pot riens contre eulz en quelque maniere que ce fust. Le jeudi[1] matin s’en parti et vint en l’eveschié de Léon[2], là où ses hommes tenoient ja plusseurs chastiaux et garnisons, car en l’eveschié de Triguier, il ne tenoient encore forteresce ne ville fors la Roche Deryan qu’il avoient prise la sepmaine devant, laquelle ville et le chastel de la Roche Deryan il tindrent par ii ans, et touz les habitans d’entour et d’environ il subjuguerent et firent leurs serfs et tributaires ; et par ycelle année il baillierent plusseurs assaus à la ville de Lannuon, mais riens ne leur profitoit. Toute voies, quant les Anglois vindrent à la Roche Derian, il trouverent plusseurs Espaignolz delez les murs de la ville par dehors, à i port de mer qui est ylec, et avoient bien mil et iiic tonniaux de vin d’Espaigne parmi les rues, et encore onques n’avoient entré es maisons de la ville, mais estoient hors les murs, si comme dit est. Et les Espaignolz qui cuidoient bien deffendre leurs vins pour ce que il estoient plusseurs, firent bataille aus Anglois ; mais il furent aussi comme touz occis et ne porent resister à eulz. Ainsi orent les Anglois ces mil et ccc tonniaux de vin d’Espaigne, et en trouverent dedenz la Roche Derian bien autres ccc tonniaux de vin, et avoient assez vin en habondance pour toute l’année. Si estoient moult aises et en beuvoient très

  1. 15 décembre.
  2. Saint-Pol-de-Léon, Finistère, arr. de Morlaix, ch.-l. de cant.