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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/292

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volentiers, selon le dit commun, lequel je ne tiens ne pour faux du tout, ne du tout véritable. Le Normant chante, l’Anglois si boit et l’Alement mengue[1].

Par ycelui temps donques que les Anglois tenoient la Roche Deryan et qu’il y demourerent, il destruirent en partie l’eglise cathedral de Landreguer[2] moult vilainement, en laquelle le corps du glorieux confesseur monseigneur saint Yves reposoit pour le temps. Toute voies, à son monument il n’aprochierent onques par la volenté de Dieu. Et la cause pour quoi les Anglois destruirent laditte eglise, si fu pour ce que les François n’i peussent metre garnison contre eulz de gens d’armes, car les Anglois n’avoient environ eulz ne cité ne eglise à plus d’une liue. Et quant les Anglois vouldrent destruire l’autre eglise cathedral de Triguier la cité, qui est nommée Saint Turgual[3], jadis patron de la cité, n’i ot celui qui premier y osast commencier, pour reverence de plusseurs sains desquiex les reliques y souloient estre, par especial de monseigneur saint Yve, duquel il y avoit encore de ses ossemens, de sa char, de ses ners et de ses poilz. Si ot i prestre plus outrageux que les autres qui commença à la destruire par sa grant presompcion ; mais puis qu’il en ot destruit et dilapidé grant partie, li et plusseurs autres qui s’estoient touz aprestez à ceste besoigne, voianz touz ceulz qui estoient presens, ledit prestre mourut moult vilainement en mengant sa langue et en criant comme un chien.

  1. En marge : « Nota. »
  2. Ancien nom de Tréguier.
  3. La cathédrale Saint-Tugdual.