Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/298

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droit du royaume de France apartenoit miex à Edouart roy d’Angleterre que à Phelippe de Valois. De laquelle mort tant honteuse, France pot bien dire la parole de Jhesu Crist qui disoit : « Ci sont les commencemens des douleurs », si comme il sera monstré par après.


XXXVII.
Comment le roy d’Angleterre vint par Normendie et prist Caan, et vint par Lisieux, par Thorigni à Vernon et à Poyssi ; et comment le roy de France le poursuioit touz jours de l’autre part de Saine, et vint à Paris logier à Saint Germain des Prez ; et comment les Anglois passèrent le pont de Poyssi[1].

En celui an, proposa le roy de France faire grant armée en mer de nés pour passer en Angleterre, lesquelles il envoia querre à Gennes a grans despens[2]. Mais ceulz qui les alerent querre en firent petite diligence et tarderent tant à venir, par especial une grant nef que le roy faisoit faire à Harefleu en Normendie[3], de laquelle l’en disoit que onques mais si belle n’avoit esté armée ne mise en mer, demeura tant que le roy d’Angleterre a tout grant force de gent et grant multitude de nefs que l’en estimoit bien à xiic grosses nefs,

  1. Cf. Chronique de Jean le Bel, t. II, p. 70 à 87 ; Froissart, éd. Luce, t. III, p. 131, § 255 à p. 150 et p. 357 à 384 ; Chronique de Richard Lescot, p. 70, § 171 à p. 73.
  2. Sur les préparatifs de Philippe VI pour organiser une flotte, voir Jules Viard, La campagne de juillet-août 1346 et la bataille de Crécy, p. 4-5 (extrait du Moyen âge, 2e série, t. XXVII, 1926).
  3. Harfleur, Seine-Inférieure, arr. du Havre, cant. de Montivilliers.