Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/301

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Jehan de Meleun lors chambellan de Tanquarville[1]. Et quant les Anglois vindrent devant Caan, si assaillirent la ville par quatre lieux, et traioient saiettes par les arches aussi menu que se ce fust grelle. Et le peuple se deffendoit tant qu’il pooit, meismement es prez, sus la boucherie et au pont aussi, pour ce que ilec estoit le plus grant peril. Et les femmes, si comme l’en dit, pour faire secours, portoient à leurs maris les huis et les fenestres des maisons et le vin aveques, afin qu’il fussent plus fors à eulz combatre. Toutes voies, pour ce que les archiers avoient grant quantité de saiettes, il firent le peuple de soy retraire en la ville, et ainsi les Anglois entrerent en la ville et se combatirent du matin jusques au vespres[2]. Lors le connestable de France et le chambellenc de Tanquarville issirent hors du chastel et du fort de la ville, et ne scai pourquoy c’estoit, et tantost il furent pris des Anglois et envoiez en Angleterre. Mais quant l’evesque de Baieux, le seigneur de Tournebu, le bailli de Roen et plusseurs autres aveques eulz virent qu’il istroient pour noient, et que leur issue pourroit plus nuire que profiter, si se retraistrent ou chastel comme sages et se tenoient aus quarniaux. Entre ii, les Anglois cer-

  1. Jean, sire de Tancarville, vicomte de Melun. Pris par les Anglais en défendant la ville de Caen le 26 juillet 1346, Philippe VI lui permit, au mois d’août 1347, d’aliéner jusqu’à 300 livres de rente ou de terre afin de pouvoir se délivrer (Arch. nat., JJ 77, no  216. Cf. J. Viard, Journaux du trésor de Philippe VI de Valois, no  1018).
  2. La ville de Caen fut attaquée et prise dans la journée du 26 juillet (Henri Prentout, La prise de Caen par Édouard III en 1346, p. 30 à 38. Extrait des Mémoires de l’Académie nationale des sciences, arts et belles-lettres de Caen, 1904).