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XL.
Comment le roy de France s’ordena à poursuir son anemi le roy d’Angleterre jusques à la ville de Hedin, et comment I advocat de Laon appelle Gauvain, voult traïr laditte cité de Laon.

L’an de grâce mil CCC XLVII, le conte de Flandres que les Flamens, contre leur serement et leur loyauté, laquelle il avoient jurée audit conte, et la convenance qu’il li avoient faite, c’est à savoir qu’il ne contraindroient point ledit conte à prendre femme, fors à sa volenté et à la volenté du roy de France et de la mère dudit conte ; toutes voies l’avoient-il contraint par menaces de mort à prendre la fille du roy d’Angleterre[1] à femme. Mais le mardi après Pasques ; c’est à savoir le iiie jour d’avril, il s’en issi de Flandres par cautele, et s’en vint au roy de France, car il ne vouloit pas avoir la fille au roy d’Angleterre à femme[2]. Dont le roy de France et la mere dudit conte orent très grant joie, et fu receu très honnorablement.

En la xve de Pasques, le roy se parti de Paris et prist congié de monseigneur saint Denis et se recommanda à lui, et se ordena à aler vers son anemi le roy

  1. Isabelle, qui, plus tard, épousa Enguerrand VII, sire de Coucy (Chronique de Jean de Noyal, éd. A. Molinier, dans Bulletin de la Société de l’histoire de France, 1883, p. 253. Cf. P. Anselme, t. VIII, p. 545).
  2. Sur cet épisode, voir Jean le Bel, t. II, p. 135 à 139 ; Gilles le Muisit, éd. H. Lemaître, p. 170 ; Chronique normande, p. 84 à 86 et 276, note 7 ; Continuation de Guillaume de Nangis, t. II, p. 208 à 210. Cf. Jules Viard, Le siège de Calais, dans le Moyen âge, 2e  série, t. XXX (1929), p. 160-161.