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x lieues loing. Si s’en issirent en leurs cotes et s’en alerent, et les conduisoient deux chevaliers bretons ; c’est assavoir messire Silvestre de la Foulliée et i autre chevalier. Mais à paine les povoient deffendre des genz de labour, car tous ceulz qu’il povoient attaindre, ilz les mettoient à mort et les tuoient de bastons et de pierres comme chiens. Si les conduirent les deux chevaliers au mieulx qu’il porent jusques près de la ville de Chastiaunuef de Quintin. Quant ceulz de la ville oïrent dire que les Anglois qui avoient tué leur seigneur venoient par sauf conduit, si s’assemblerent pluseurs bouchiers et charpentiers, et autres de ladite ville et mistrent à mort tous les Anglois aussi comme brebiz, et ne les porent onques les deux chevaliers deffendre, excepté leur capitaine qui s’enfuy, et les ii chevaliers qui les conduisoient s’enfuyrent avec le capitaine desdiz Anglois, lequel fu à painne sauvé. Finablement, ceulz de la ville de Chastiaunuef de Quintin firent porter les corps des mors en quarrieres et en grandes fosses qui estoient hors de la ville, et là les mengierent les chiens et les oiseaux. Et ainsi demourerent les Bretons soubz messire Ayton Daure, chevalier, establi capitaine de par la duchesse en la ville de la Roche Deryan. Et ot ladite duchesse les fruiz et les revenues qui estoient deues au duc son mari, tout environ la Roche Deryan jusques à ii lieues.

En ce meismes temps, le conte de Flandres[1] prist à femme la fille du duc de Brebant[2].

  1. Louis de Male, comte de Flandre, épousa Marguerite, fille de Jean III, duc de Brabant, le 1er  juillet 1347. Cf., sur ce mariage, Froissart, éd. Luce, p. xxxv-xxxvi, 85 à 88 et 318 à 320.
  2. À la suite de ce paragraphe, le ms. fr. 17270 de la Bibl.