Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/46

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neveu le pape Climent et ses filz avec lui, et moult d’autres barons et grans seigneurs qui proposoient contre li moult de mauvaistiez et de torfaiz ; lesquiex il offrirent à prouver, se ainsi estoit qu’il les vousist nier. Et ledit Jourdain respondi que tout ce qu’il li metoient sus, le roy li avoit pardoné. Mès, non obstant sa response, il fu prouvé que après le pardon et la remission le roy qu’il li avoit faite, il avoit fait pluseurs faiz par quoy il estoit digne de mort ; pour lesquiex il fu mis en prison en Chastelet[1] ; et puis de Chastellet il fu mené devant les seigneurs de Parlement[2] accompaignié de gens d’armes, et ylec, selon les merites de ses fais, fu jugié à estre digne de mort. Lors fu pris derechief et mené en Chastellet, et le samedi viie jour de may[3], fu trayné à queues de chevaux et pendu au gibet de Paris au plus haut, vestu des draps du pape Jehan dont il avoit espousée la niece.

A la Penthecouste ensuivant[4], la royne Marie[5] femme

  1. Il y fut détenu pendant quinze jours (J. Viard, Journaux du trésor de Charles IV le Bel, no 4954).
  2. Ce fut Pierre de Maucreux, avocat au Parlement, qui, au nom du roi, requit contre Jourdain de l’Isle (Ibid., no 4836).
  3. La Continuation de G. de Nangis et celle de Géraud de Frachet (Rec. des Hist., t. XXI, p. 60) disent que l’exécution de Jourdain de l’Isle-Jourdain eut lieu « in vigilia Trinitatis », soit le 21 mai 1323 ; mais la date du 7 mai donnée par les Grandes Chroniques est la date exacte. Cf. Hist. de Languedoc, nouv. édit., t. IX, p. 418, note 2, et t. X, col. 625, pièce 227. Derniers aveux de Jourdain de l’Isle-Jourdain. Voir aussi : Rec. des Hist., t. XXI, p. 140 et p. 680, et Chronique parisienne anonyme, dans Mémoires de la Soc. de l’hist. de Paris, t. XI, p. 88, § 119.
  4. 15 mai 1323.
  5. Marie de Luxembourg, fille ainée de l’empereur Henri VII,