Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/48

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fu robé de merveilleusement grant somme d’argent. Si fist tant par la procuration d’un homme qui demouroit à Chastiau Landon[1] et en avoit esté prevost, par quoy on l’appelloit encore Jehan Prevost[2], que convenance fu faite entre lui et i mauvais sorcier, que on feroit tant que on saroit qui estoient les larrons, et comment il seroient contrains à faire restitucion, en la maniere qui s’ensuit. Premierement, il fist faire, à l’aide dudit Jehan Prevost i escrin, et metre dedenz i chat tout noir, puis le fist enterrer en une fosse aus champs, droit en i quarrefour et ordena sa viande, et mist dedenz l’escrin pour trois jours : c’est à savoir pain destrempé et moillié en cresme, en huille sainte et en yaue benoite. Et à celle fin que le chat ainsi enserré ne mourut, il y avoit ii pertuis en l’escrin et ii longues fistules qui seurmontoient la terre que on avoit gettée sus l’escrin, afin que par les fistules l’air peust entrer en l’escrin, par quoy le chat peust aspirer et respirer. Or avint que bergiers, qui menoient leurs brebiz aus champs, passerent parmi ce quarrefour si come il avoient acoustumé. Leurs chiens commencierent à flairier et à sentir le chat ; tantost trouverent le lieu où il estoit, lors se pristrent à fouir et à grater des ongles

    gis, éd. Géraud, t. II, p. 47 à 50, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 633-634. Cf. Continuation de Géraud de Frachet, t. XXI, p. 60 et 61, et p. 680, note 3, et Chronique parisienne anonyme, dans Mémoires de la Soc. de l’hist. de Paris et de l’Île-de-France, t. XI, p. 87, & 118, et p. 91, & 125.

  1. Château-Landon, Seine-et-Marne, arr. de Fontainebleau, ch.-l. de cant.
  2. La Chronique parisienne anonyme (§ 125) dit qu’il se nommait « Jehan de Persan » et qu’il avait été prévôt de Montmorency.