Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/49

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trop fort pour noient, fust une taupe ; si n’estoit nul qui les peust oster d’ilec. Quant les bergiers virent leurs chiens qui ne se vouloient mouvoir d’ilec, si s’approchierent et oyrent le chat miouler ; si furent moult esbahiz. Ainsi come les chiens gratoient touz jours, i bergier qui fu plus sage des autres, manda ceste chose à la justice qui tantost vint au lieu et trouva le chat et la chose ainsi comme elle avoit esté faite. Si se commença à merveillier trop grandement et plusseurs aussi qui estoient venuz avec lui. Et comme le prevost de Chastiau-Landon fu angoisseux et pensant en soy meismes comment il pourroit l’aucteur de si horrible malefice avoir ne trouver, car il savoit bien que ce fait n’avoit esté fait que pour aucun malefice faire ; mais à quoy, ne de qui ? il en estoit ignorant. Avint ainsi comme il pensoit en soy meismes et regardoit l’escrin qui estoit fait de nouvel, il appella touz les charpentiers de la ville et leur demanda qui avoit fait cest escrin. Après la demande faite, i charpentier se mist avant et dist qu’il avoit fait l’escrin à l’instance d’un homme que on appelloit Jehan Prevost ; mais, se Dieu li vousist aidier, il ne savoit à quel fin il l’avoit fait faire. Un pou de temps passé, ycelui Jehan Prevost fu pris par souppeçon, questioné fu et mis en gehine et tantost confessa le fait, puis accusa i homme qui estoit le principal, et qui avoit esté trouveur de faire ce malefice et ceste mauvaistié, appellé Jehan Persant. Après, il accusa i moine de Cistiaux qui estoit apostat estre especial desciple de celui Jehan Persant, l’abbé de Sarquenciaux[1] de l’ordre de Cistiaux, et aucuns

  1. Sarquenciaux, auj. Cercanceaux, Seine-et-Marne, arr. de Fontainebleau, cant. de Château-Landon, comm. de Souppes.