Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/51

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ars en poudre, en detestacion de si horrible crime ; et l’autre, c’est à savoir Jehan Persant, atout le chat pendu au col, fu ars et mis en poudre l’endemain de la saint Nicholas. Après, l’abbé et le moine apostat, et les autres chanoines rieulés, qui à faire ce malefice avoient administré la cresme et les autres choses, furent premierement degradés et depuis, par jugement droiturier, furent condampnez et mis en chartre perpetuel.

Et en cest an meismes, fu i moine de Morigni[1], i abbaïe emprès Estampes, qui par sa curiosité et par son orgueil voult susciter et renouveller une heresie et sorcerie condampnée, qui est nommée en latin Ars notoria, et avoit pensé à lui baillier autre titre et autre nom. Si est celle science telle que elle enseigne à faire figures et empraintes, et doivent estre differentes l’une de l’autre et assigniées chascune à chascune science ; puis doivent estre regardées à certain temps faiz en jeunes et en oroisons ; et ainsi, après le regart estoit espandue science, laquelle en ce regart on vouloit avoir et acquerir. Mais il convenoit que on nommast et appellast aucuns noms mescogneus, lesquiex noms on creoit fermement que c’estoient noms de deables ; pourquoy pluseurs celle science decevoit et estoient deceuz ; car nul n’avoit onques esté usant de celle science que aucun bien ou aucun fruit[2] en eust raporté ; noient moins ycelui moine reprouvoit ycelle sience, ja soit ce qu’il fainsist que la benoite Vierge Marie li fust apparue moult de foiz et aussi come li inspirant la science ; et

  1. Auj. Morigny-Champigny, Seine-et-Oise, arr. et cant. d’Étampes.
  2. Ms. fr. 2613 : « fait ».