Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/54

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du Saint Pere, et ledit inquisiteur eust proposé contre ledit seigneur les articles autrefoiz proposez, le pape li assigna autres auditeurs, et commanda à l’inquisiteur que se aucune chose autre il vouloit proposer avec, il le proposast devant eulz : et ainsi, selon la coustume de Romme, la cause demoura à court bien et longuement.

En la fin de cest an, Loys le conte de Flandres fu receu très noblement en la ville de Bruges et donna aus bourgois plusseurs franchises et libertez ; pour quoy il firent très grant joie en la recepcion de sa personne. Mais, entre les autres choses, souverainement leur desplaisoit que, le conseil des Flamens mis arriere, il usoit du conseil à l’abbé de Verzelay[1] filz jadis de Pierre Flote qui fu occis à Courtrai avec le bon conte d’Artois, Robert, l’an mil CCC et II ; lequel abbé, pour la mort de son pere, il reputoient estre anemi des Flamens, en telle maniere que se aucune chose estoit ordenée en la conté de Flandres, combien que elle fust justement et bien ordenée, s’il sceussent que elle fust ordenée par ledit abbé et la chose ne venist à leur desir et à leur volenté, il disoient que faussement et mauvaisement avoit esté faite et ordenée. Dont il convint que le conte, comme contraint et contre sa volenté, renvoiast l’abbé en son abbaïe.

Et en ce meismes temps fu et ot grant dissencion en la ville de Bruges[2] ; car comme le conte eust assise

  1. Artaud Flote, fils du chancelier Pierre Flote, abbé de Vézelay en 1316, principal conseiller de Louis, comte de Flandre.
  2. Sur les troubles qui agitèrent alors tant la ville de Bruges que les Flandres, voir : Chronicon comitum Flandrensium, dans J.-J. de Smet, Recueil des Chroniques de Flandre, t. I, p. 184 à 187.