Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/70

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France et avoit admené avec lui Edouart son ainsné filz[1], fist tant, que embassateurs furent envoiez au roy d’Angleterre, lesquiex firent tant que le roy d’Angleterre promist à venir prochainement en France, et feroit hommage au roy en la cité de Biauvez de la duchiée d’Aquitaine et de la terre de Pontiu.

En ce temps estoit la royne de France Jehanne ençainte d’enfant, pourquoy on attendoit à moins de ennui la venue du roy d’Angleterre ; car on avoit esperance que les ii roys fussent ensemble ou temps de la nativité de l’enfant, et esperoit-on, selon ce que aucuns austronomiens avoient pronostiqué, que ce seroit i filz, et pensoit-on que le roy d’Angleterre en sa venue en auroit grant joie. Mais Dieu qui ordene des choses si comme il li plest, ordena autrement que opinion humaine n’avoir fait ; car i pou après elle enfanta une fille[2], et fu son premier enfant. Et comme le roy d’Angleterre eust dit et mandé plusseurs foiz qu’il vendroit au roy de France en certain lieu en son royaume, comme dit est dessus, et feroit tout ce qui sembleroit bons aus pers de France, il mua, ne scai par quel esperit, son propos, et donna à son ainsné filz qui estoit ja en France, tout le droit qu’il avoit et pooit avoir en la duchiée d’Aquitaine, en laquelle duchiée est contenue Gascoigne, lequel en fist tantost

  1. Édouard III ne vint pas en France en même temps que sa mère Isabelle, mais seulement le 11 septembre 1325, et il fit hommage à Charles IV, à Vincennes, pour la Guyenne et le Ponthieu vers le 21 du même mois (Thomas Walsingham, Historia anglicana, éd. Riley, t. I, p. 176-177).
  2. Jeanne, qui naquit à Châteauneuf-sur-Loire avant la Pentecôte 1325 (P. Anselme, Hist. généal., t. I, p. 97, et Journaux du trésor de Charles IV le Bel, no 8297, note 3).