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XII.
Comment le conte de Flandres pourchaça traïson contre son oncle messire Robert, et comment ledit conte fu pris et mis en prison[1].

En ce temps, avint que le conte de Flandres[2] fu en souppeçon de son oncle messire Robert de Flandres[3], et l’ot pour souppeçonneux qu’il ne machinast contre lui aucun mal ou en sa mort. Pourquoy il fist escrire unes lettres esquelles il mandoit aus habitans d’une ville qui est à iii liues de Lille en Flandres, que on appelle Wareston[4], en laquelle demouroit et faisoit residence ledit messire Robert, que ces lettres veues, il meissent à mort ledit messire Robert comme anemi du conte et de tout le pays. Mais il avint que avant que les lettres fussent sceellées, le chancelier du conte segnefia au dit messire Robert ce que le conte de Flandres avoit ordené à estre fait de sa personne ; lequel Robert, oy ce que le chancelier li signifioit, au plus tost qu’il pot se parti de la ville de Wareston et s’en esloigna tant comme il pot. Et ainsi, quant les lettres fu conte de Flandres furent aportées en la de-

  1. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 61 à 66, et Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 638-639. Cf. Continuation anonyme de la Chronique de Jean de Saint-Victor, Ibid., t. XXI, p. 685, et Continuation de Géraud de Frachet, Ibid., p. 64 à 66.
  2. Louis II de Nevers, comte de Flandre.
  3. Robert de Flandre, seigneur de Cassel, fils de Robert III, dit de Béthune.
  4. Auj. Warneton, Nord, arr. de Lille, cant. de Quesnoy-sur-Deule.