Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ou moys de decembre acoucha malade griefment messire Charles conte de Valois ; si fu la maladie si grieve qu’il perdi la moitié de lui, et cuidierent plusseurs que en celle maladie il feist conscience de la mort Engorran de Marigni, lequel fu pendu, si comme aucunes gens dient, à son pourchaz par ce que on apperceust après. Quant sa maladie l’engrega, il fist donner une aumosne parmi la ville de Paris ; et disoient ceulz qui donnoient l’aumosne aus pouvres : « Priez pour messire Engerran de Marigni et pour messire Charles de Valoys. » Et pour ce qu’il nommoient avant le nom de messire Engerran que de messire Charles, plusseurs jugerent que de la mort messire Engerran il faisoit conscience. Lequel, après la longue maladie il mourut au Perré[1] qui est en la dyocese de Chartres le xe jour devant Nouel, et fu son corps enterré à Paris aux Freres Preescheurs et son cuer aus Freres Meneurs.

En cest an, plusseurs personnes de diverses parties du monde qui avoient oy dire et entendu que messire Loys conte de Clermont[2], qui puis fu appellé duc de Bourbon, devoit aler à Pasques prochaines venanz au

  1. Charles de Valois mourut au Perray (Seine-et-Oise, arr. et cant. de Rambouillet) le 16 décembre 1325. Voir, sur sa maladie et sa mort, J. Petit, Charles de Valois, p. 219-220.
  2. Louis Ier, dit le Grand, fils de Robert, comte de Clermont, sixième fils de saint Louis, et de Béatrix, dame de Bourbon, succéda en 1310 à sa mère dans la sirerie de Bourbon et en 1318 à son père dans le comté de Clermont. La sirerie de Bourbon fut érigée en duché le 27 décembre 1327. Sur ses projets de croisade, voir de Boislisle, Projet de croisade du premier duc de Bourbon, dans Annuaire-Bulletin de la Soc. de l’hist. de France, 1872, p. 230 à 236 et 246 à 255.