Page:Viau - Œuvres complètes, Jannet, 1856, tome 1.djvu/326

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Dont le soleil avec des pleurs
Provoque en vain l’ingratitude,
Que font-elles à mes douleurs ?

     Grands deserts, sablons infertiles,
Où rien que moy n’ose venir,
Combien me devez-vous tenir,
Dans ces campagnes inutiles ?
Chauds regards, amoureux baisers,
Que vous estes, dans ces desers,
Bien sensibles à ma memoire !
Philis, que ce bonheur m’est doux,
Et que je trouve de la gloire
À me ressouvenir de vous !

     Enfin je croy que la tempeste
Me permettra d’ouvrir les yeux,
Et que l’inimitié des cieux
Me laissera lever la teste ;
Après tous ces maux achevez,
Les faveurs que vous reservez
À ma longue perseverance
Reprocheront à mon ennuy
D’avoir creu que mon esperance
Me quitteroit plustot que luy.

     Au retour de ce long voyage,
La terre, en faveur de Philis,
D’œillets, de roses et de lys,
Semera par tout mon passage,
Ces grands pins, devenus plus beaux,
Joignans du faiste les flambeaux
Dont la voûte du ciel se pare,
Iront aux astres s’enquerir
Si quelque autre bien s’accompare
À celuy que je vay querir.

     Ce jour sera filé de soye ;
Le soleil, partout où j’iray,