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Ô mon cher Alidor, je suis bien moins qu’Heleine
- Digne de t’esmouvoir ;
Mais tu sçais bien aussi qu’avecques moins de peine
- Tu me pourrois avoir.
Il la fallut prier, mais c’est moy qui te prie,
- Et la comparaison
De ses affections avecques ma furie
- Est loing de la raison.
L’impression d’honneur et celle de la honte
- Sont hors de mon esprit ;
La chasteté m’offence et paroist un vieux conte
- Que ma mère m’apprit.
Jamais fille n’ayma d’une amitié si forte :
- Tous mes plus chers parens,
Depuis que j’ay conceu l’amour que je te porte
- Me sont indifferens.
Ils auroient beau se plaindre et m’appeler barbare :
- On me doit pardonner,
Car vers eux je ne suis de mon amour avare
- Que pour te la donner.
Reçois ma passion, pourveu que ton mérite
- N’en soit pas offencé,
Et vois que mon esprit ne te l’auroit escrite
- S’il n’estoit insensé.
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STANCES.
Maintenant que Phillis est morte.
Et que l’amitié la plus forte
Dont un cœur fut jamais atteint
Est dans le sepulchre avec elle,
Je croy que l’amour le plus saint