Aller au contenu

Page:Viau - Œuvres complètes, Jannet, 1856, tome 2.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


REQUESTE AU ROY


Au milieu de mes libériez,
Dans un plein repos de ma vie
Où mes plus molles voluptez
Sembloient avoir passé l’envie,
D’un traict de foudre inopiné
Que jetta le ciel mutiné
Dessus le comble de ma joye
Mes desseins se virent trahis.
Et moy d’un mesme coup la proye
De tous ceux que j’avois hays.
Le visage des courtisans
Se peignit en ceste advanture
Des couleurs dont les mesdisans
Voulurent peindre ma nature.
Du premier traict dont le malheur
Sépara mon destin du leur
Mes amis changèrent de face ;
Ils furent tous muets et sourds,
Et je ne vis en ma disgrâce
Rien que moy-mesme à mon secours.
Quelques foibles soliciteurs
Faisoient encore un peu de mine
D’arrester mes persécuteurs