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d’un foible crépuſcule, à l’aide duquel je diſcerne à peine les objets. Je renonçois déjà à mon eſpérance, & je me dispoſois à rejoindre mes compagnons, plus triſte & plus affligé que je ne l’étois en les quittant, lorsque je ſens ſous mes pieds nuds, car j’avois quitté mes ſoulliers qui ne pouvoient plus être d’aucun uſage, je ſens, dis-je, un corps dur ; je m’arrête avec un secret fremiſſement, partagé entre la crainte & l’eſpérance : je me baiſſe, je porte une main tremblante sous mon pied que je n’avois oſé déranger, de peur de perdre le corps qu’il couvroit ; je le saisis : c’étoit en effet la pierre à fusil que je cherchois ; je la reconnois avec une joie qu’il me ſeroit difficile