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dai au ciel, & je courus auprès de sa mère que je réveillai avec peine. Ranimez votre courage, Madame, lui dis-je bruſquement, le ciel veut que nous nous éloignions ; obéiſſons à ses décrets ; hâtons-nous : craignons un délai qui nous feroit ſans doute funeſte, & qu’il ne ſeroit plus en notre pouvoir de réparer. Juſte ciel ! s’écria-t-elle, mon fils est mort… je n’ai déjà plus d’époux… j’ai tout perdu.

Elle ſe tut à ces mots ; elle répandit un torrent de larmes ; je ne m’amuſai pas à les eſſuyer : je la pris dans mes bras, & avec l’aide de mon Negre, je la tranſportai dans le radeau, sans qu’elle fit la moindre reſiſtance. J’avois craint qu’elle ne demanda à voir