Page:Viaud - Naufrage et aventures de M. Pierre Viaud.djvu/191

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Il ne fallut pas ſonger à dormir de toute cette nuit. C’étoit une choſe impoſſible avec l’épouvante que nous inſpiroient les bêtes farouches, dont les hurlemens étoient continuels, & redoubloient de moment en moment. Jamais je n’ai rien entendu de ſi terrible & de ſi affreux. Pluſieurs ours s’approchèrent encore de nous, & à une diſtance aſſez peu éloignée pour que nous puſſions les appercevoir à la clarté de notre feu. Nous découvrîmes aussi des tigres qui nous semblèrent d’une groſſeur extraordinaire ; peut-être la crainte nous les montroit-elle ainſi. Il y en eut un qui s’avança même beaucoup, malgré nos cris. Quelques brandons allumés que nous lançâmes