Page:Viaud - Naufrage et aventures de M. Pierre Viaud.djvu/46

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faut en avoir été le témoin, pour s’en former une idée, & celle que je vous trace est bien imparfaite & bien au-dessous de la réalité.

Je partagois les terreurs de l’équipage. Si mon déſeſpoir éclatoit moins, il étoit égal au ſien. L’excès du malheur, l’aſſurance qu’il étoit inévitable, me rendirent un reſte de fermeté ; je me ſoumis au fort qui m’attendoit, & qu’il n’étoit pas en mon pouvoir de changer ; j’abandonnai ma vie à l’être qui me l’avoit donnée, & je conservai assez de courage pour envisager de ſang froid le moment fatal, & pour m’occuper des moyens qui pouvoient le retarder.

Ma tranquillité apparente en