Page:Vibert - Pour lire en automobile, 1901.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 94 —

— Carguez les voiles, fermez les écoutilles et avec un sang-froid admirable tout le monde se mit à la manœuvre.

Nous autres les troubades nous regardions manœuvrer les mathurins. Vingt minutes après tout était paré et, comme l’avait dit le capitaine, nous étions suivis par le typhon.

— Juste au centre dit le capitaine, qui devinait ça à la forme de la trombe d’eau, nous somme bien f… Il n’acheva pas, le tire-bouchon vidant la mer sur son passage à une profondeur folle nous saisit par le travers, le navire craqua et fit un bond prodigieux, nous nous crûmes tous perdus. Ça dura dix secondes, en rouvrant les yeux, nous dominions la mer, les vagues, les embruns géants, tout ; nous étions à cent mètres en l’air, au bout de la trombe, le navire valsant sur lui-même dans un mouvement rapide, mais doux, presque horizontal. Nous nous regardâmes tous à cette minute suprême et je ne ce sais qui l’emporta chez nous de la frousse ou de l’admiration pour les forces cachées de la nature. Vous voyez, mes amis, que nous étions bien comme l’œuf au bout du jet du tir hydraulique du cours Belzunce.

— Continue, tonna Marius, ne nous fais pas languir.

-— Ça va bien dit le capitaine, mais quand la colonne d’eau va se briser pour une raison quelconque, nous allons tomber dans l’abime, ainsi que le mouvement giratoire du typhon et alors nous sommes f…lambés… quel plat-c…, mes enfants.

Le second était d’avis de tirer nos petites pièces,