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nous entrons dans une première grotte, puis, avec une échelle, nous pénétrons dans une seconde ; au premier étage et au fond de celle-là, par une étroite ouverture, en nous glissant de côté, le ventre et le dos rabotés durement, nous pénétrons dans une troisième grotte.

C’est tout et à ce moment, toujours au milieu du vol des chauves souris, sur le sol, dans du guano et des grains de café apportés par ces oiseaux de nuit, je ne pus m’empêcher de penser que le moindre tremblement de terre, si fréquents dans ces les antilliennes, pourrait fermer à jamais cette étroite ouverture. Enfin nous sortons sans encombre et comme toutes les parois sont noircies et comme calcinées par le feu, j’en demande la cause au brave général commandant de Place qui nous fait les honneurs des grottes historiques de ces hautes contrées montagneuses. Je les connais, mais je veux les entendre encore et, sans se faire prier, il commença en ces termes :

— Ces roches calcinées et noires le sont ainsi depuis la conquête du pays par les Espagnols. Vous savez que c’est ici, dans la nuova Espanola, que Christophe Colomb avait débarqué et, comme il avait trouvé beaucoup d’or dans le pays, il en exigeait des masses énormes des Caciques, et aussitôt qu’il y avait un retard dans la livraison, lui et ses compagnons massacraient en masse les pauvres Caraïbes.

Un jour qu’ils en avaient ainsi massacré des milliers, les Caciques avaient caché dans cette grotte des Dames, les femmes, les enfants et les vieillards