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— Ça n’est pas pour rire, fit l’incorrigible Isidore Phétu.

— Et elle se passe dans le centre de cette Amérique du Sud dont il a déjà été question tout à l’heure. Donc un jour nous étions partis tout une caravane pour une longue expédition, à la recherche de mines d’amiante, car le chef avait reçu une forte commande pour la fabrication des tutus de ces dames du corps de ballet du grand opéra de Carcassonne.

Il y avait déjà huit jours que nous étions au milieu des pampas, alternant avec les forêts et nous dirigeant vers les premiers contreforts de la Cordillère des Andes — ne pas confondre les Andines avec les Ondines — lorsque tout à coup, par un beau matin, au petit jour, nous vîmes venir sur nous un nuage de flammes et de fumée, juste au beau milieu de la prairie sans bornes où nous avions campé.

Sans perdre de temps, en poussant des cris perçants, les trois indigènes, plus ou moins peaux-rouges, qui nous servaient de guides, s’élancèrent sur des allumettes et des papiers, heureusement encore par terre, après que l’on venait de relever la tente et de faire les paquetages et méthodiquement devant eux, à l’opposé des flammes venant sur nous, mirent le feu à la lande. En un clin-d’œil, la prairie immense fut en flamme devant nous.

Eh bien maintenant, courons après le feu qui fuit, dirent encore nos guides avec beaucoup de logique et c’est ainsi que pris, cinq minutes après entre deux feux, celui qui s’en allait et celui qui mourait, nous fûmes sauvés d’une grillade.

C’est là où nous aurions été bien contents d’avoir