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— Et il t’a rapporté beaucoup ?

— Oh oui, assez, trois mille francs de rentes, comme quand on élève des lapins.

— Et pendant longtemps ?

— Pendant huit jours…

Cette fois nous fûmes tous malades de rire devant tant d’esprit qui s’ignore.

Lorsque Boucairol — junior — eut reçu tous les compliments de tous, on allait bientôt arriver à Avignon ; tous les membres du club nautico-agricole de la colonisation pratique de Marseille me firent des adieux touchants, me faisant promettre d’aller bientôt manger une nouvelle bouillabaisse chez Vincent Roubion, le long du chemin de la Corniche, avec la mer si tant bleue et si tant belle, à nos pieds et Marius, attendri, pour résumer ces deux jours, dit :

— Je crois bien que nous venons de faire concurrence aux contes fameux des Mille et une Nuits et si M. Vibert voulait nous en croire, il trouverait bien, rentré dans la capitale, un joli motif de féerie.

Et tout le monde opina chaleureusement.

Je ne sais si je ferai jamais la féerie, mais ce que je sais bien, c’est que je suis revenu ainsi fort gaiment de ma terrible campagne politique pour défendre la République à Alger contre toutes les réactions et que je n’oublîrai jamais le sympathique accueil de mes amis de Marseille…

Le lendemain j’étais à Paris et personne ne pouvait croire comment je n’avais pas laissé mes os dans les mains des antisémites !