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par l’arsenic, par exemple. Seulement je ne pouvais pas bouger.

Après m’avoir bien examiné, les médecins me firent détacher par leurs aides et l’un dit :

— Emmenez le corps à l’amphithéâtre, nous allons le disséquer.

Et un autre s’empressa d’ajouter :

— C’est plus prudent, car l’expérience nous a déjà démontré que l’autopsie est le complément nécessaire de l’électrocution, sans cela on ne sait jamais si ces gredins (sic) sont morts pour de bon !

Vous devez penser, cher monsieur, si tout cela faisait grandir en moi un sentiment de terreur indicible : j’ai pourtant toujours été brave, mais cette fois le sentiment de mon impuissance en face du scalpel scrutateur me figeait le sang dans les veines, c’est le cas de le dire.

Quelques instants plus tard, dépouillé de mes vêtements, j’étais étendu sur une grande dalle, entourée des petites rigoles traditionnelles, un baquet aux pieds pour recevoir mon sang et mes tripes. Quoique les yeux fermés, je me rendais un compte exact de ma situation, je savais exactement où j’étais et j’avoue que je n’ai jamais éprouvé pareille angoisse de ma vie.

Les médecins se concertèrent ; ils avaient d’abord le souci d’examiner le système nerveux du bras ; je sentis le froid de l’acier s’enfonçant dans mes chairs et longtemps ils me charcutèrent ainsi ; moi vivant, je criais désespérément, mais intérieurement, hélas !