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pour nous c’est une bagatelle et notre but véritable, caché, inconnu, est plus haut, il est humanitaire. Nous sommes des citoyens de la libre Amérique mais nous sommes aussi des gentlemen, tous membres du célèbre Club des refroidis d’Indianopolis.

Si nous avons refusé l’entrée de notre usine à votre confrère, c’est parce que c’est un partisan de l’abolition de la peine de mort. On ne peut pas l’abolir, surtout dans la patrie de l’immortel Lynch !

— Pourquoi pas Lynx ?

— Parce que nous respectons l’orthographe… mais ne nous interrompez pas. Nous continuons : La pendaison est parfois lente, sinon licencieuse et il s’est même fondé chez nous des clubs de pendus par persuasion et pour la rigolade.

Le garrot est un supplice cruel et bon pour les Espagnols, la guillotine est vieux jeu et quant à notre pauvre électrocution, elle n’a donné que des résultats lamentables, sans même toujours assurer la mort du patient. Oh doux euphémisme !

C’est pourquoi nous sommes venus à Paris dans un but supérieur et humanitaire.

— Je ne comprends pas.

— C’est pourtant bien simple ; nous, les membres du Club des refroidis d’Indianopolis, pour demander à M. le Président de la République et aux Chambres françaises, si c’est nécessaire, le monopole exclusif de toutes les exécutions capitales en France par la congélation foudroyante et sans douleur.

— Mais alors, tout à l’heure, quand vous m’avez enfermé dans votre chambre de refroidissement…

— Parfaitement, c’était pour avoir, le cas échéant,