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votre déposition de satisfaction, à l’enquête du commodo vel incommodo !

Horrible !

— Non, pratique ! Vous n’êtes pas sans avoir entendu dire que nous étions, nous autres américains, les premiers dentistes du monde ?

— Certes oui.

— Eh bien, de même que nous arrachons les dents sans douleur, par le froid ; de même, par le froid, nous voulons enlever la vie sans douleur aux misérables condamnés à mort. Nous sommes des bienfaiteurs de l’humanité, nous nous souvenons de Lafayette et par reconnaissance, par amour pour la France, nous voulons la doter, au nom de l’humanité, de ce procédé de frigorifico-exécution !

— C’est génial !

— Non, c’est bon, c’est doux, c’est humain, c’est propre et c’est pratique. Le cadavre sorti de la chambre froide au bout de quelques minutes, raide comme une barre de fer, sera très facilement inhumé. Comme procédé il est évident qu’à tous les points de vue sentimentaux et pratiques, c’est bien supérieur à l’électrocution, qui nous a donné tant de mal.

Puis l’on se mit à sabler le champagne en l’honneur de Lafayette, du club des refroidis, de la frigorifico-exécution et de l’exposition de 1900 et le lendemain matin les ingénieurs américains et mon pauvre ami étaient paff — avec un s au moins — comme des bourriques.

Voilà pourquoi il n’a pu me confier ces étonnantes révélations que deux jours plus tard. Il avait trop mangé de saumon, comme disent les Américains !