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qui, enduite de résine et de bitume de différentes sortes, donne au broyage un ton brun rappelant en moins beau celui du bitume de Judée et possédant les mêmes défauts aussi bien à l’huile qu’à l’aquarelle.

« Le broyage de la momie ne peut que très difficilement être parfait, car, quels que soient les soins apportés à l’épuration on y laisse forcément des portions de bandelettes de toile des petits morceaux d’os, des parties de chair, de cheveux, etc., etc, qui passent sous la molette ou sous les broyeuses sans se désagréger ».

Voilà donc cette pauvre couleur momie qui a fait notre joie pendant tant d’années dans les sombres tableaux de Ribot ou dans les études à la Goya, appelée à disparaître à brève échéance, si nous en croyons les gens bien informés.

C’est déjà quelque chose, mais évidemment, ce n’est pas assez et il convient de rechercher quels sont les moyens pratiques pour lutter contre une pareille catastrophe.

Pour mon compte, je sens parfaitement que je ne suis pas du tout d’humeur à accepter le fait accompli, car enfin, ne perdez pas de vue que le grand artiste qui n’aura plus la couleur momie sous la main, ou plutôt sur la palette, ne pourra pas exécuter un tableau sombre et dramatique comme celui qui représentait un combat de nègres pendant la nuit, au fond d’une cave !

Et puis, en somme, comme tout le monde descend du père Adam et de la mère Ève, suivant la formule populaire, ce qui veut dire que tout le monde est