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domestiques adorés, les petits chiens des demi quart de mondaines, avec un soin jaloux.

Je sais bien qu’il y a les empailleurs et même les empailleuses, mais comme ce mot est grossier, brutal et discourtois, comme disaient Mlle Clairon ou Mlle Mars — je ne sais plus exactement — à côté de ce joli et gracieux vocable d’embaumeuses.

Embaumeuses ! rien que l’évocation du mot me fait venir l’eau à la bouche et malgré moi, il me semble que je renifle les odeurs les plus suaves et les plus paradisiaques !

Et puis à côté de tous les animaux domestiques et chéris, quel vaste champ ouvert à l’embaumeuse, du moment que les mœurs égyptiennes sont enfin rétablies chez nous, depuis plus de trois mille ans que l’on soupire après et que l’on peut heureusement garder ses chers morts chez soi, sous globe, dans son salon et même les promener de pièce en pièce, comme un simple ne pour les avoir toujours sous ses yeux !…

Ah, rien qu’à cette idée touchante, mes yeux se mouillent de larmes et j’entends distinctement ma plume qui sanglote comme une grande dinde.

Oui cela nous réservera de bien douces consolations dans l’avenir ; je ne veux pas épuiser ici, pour ménager la sensibilité de nos lecteurs, la liste de tous ceux qui auront recours à l’embaumeuse et à ses artifices, aussi conservateurs que magiques ; je ne veux pas parler de la mère éplorée qui voudra ainsi garder sous le globe de sa vieille pendule de famille son cher petit enfant mort en bas âge.

Je ne veux rien dire de la douce fiancée qui tiendra