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De grâce, un ballon de plaisir pour Mars, Jupiter et Saturne et je te donne mes millions. Allons coloniser les astres, quelque part, au loin, n’importe où, dans d’autres systèmes solaires, mais sortons de cette terre où j’étouffe et où l’espace me manque.

Je vis bien que le mal de Gontran était profond et comme il s’aperçut de ma douleur, avec une gaîté feinte il ponctua lentement :

— Viens, partons, nous allons assister à une danse de bayadères à Bénarès et ensuite nous irons prendre une tasse de thé à Yokohama, chez un ami.

— Non, lui dis-je douloureusement à mon tour, tu m’as convaincu, je n’aime plus voyager, du moins sur cette terre. Et nous restâmes affalés comme deux vieilles loques, à la terrasse d’un café, tandis qu’une musique lente et terne rhythmait derrière nous la danse du ventre, exécutée par une suave orientale de Ménilmontant.

Oh oui ! la terre est vraiment trop petite maintenant et qui donc trouvera enfin le moyen de nous permettre d’aller un peu nous promener dans les astres voisins ?

Cet inventeur sera béni et fera beaucoup d’argent, car il y a bien des gens comme Gontran et votre serviteur, qui n’aiment plus voyager depuis que la terre est si petite.

Il est vraiment temps, après l’exposition, de trouver autre chose et de nous faire sortir de cet éternel manège de chevaux de bois terrestre, grand comme la main et par trop banal à la fin ; surtout quand on sent qu’il y aurait tant à voir, à apprendre et à admi-